En visite chez Ekivrac
Visiter un concept de magasin est toujours la meilleure manière d’en apprendre le fonctionnement. Et j’avoue que le vrac est un concept qui m’est peu familier.
Dès lors , lorsque j’ai eu l’occasion de visiter le concept d’Ekivrac et de rencontrer le fondateur Géraud Strens en compagnie de Laurent Verheylesonne du marketing, j’ai donc sauté sur l’occasion.
Une véritable chaine
Pour ceux qui ne connaissent pas la chaine, Ekivrac est un réseau qui a vu le jour en 2016 à Braine-le-Comte. Pour Géraud, l’idée était de créer une épicerie bio de proximité proposant des produits vendus en vrac afin de réduire les déchets, tout en travaillant avec un maximum de fournisseurs locaux. Des ouvertures ont suivi à Casteau, puis Nivelles, pour finalement ouvrir le concept à la franchise en 2019.
Aujourd’hui, il est possible de parler d’une chaine puisque le concept compte neuf magasins répartis sur la région du Brabant Wallon et du Hainaut. D’ailleurs, d’autres ouvertures sont prévues dans un avenir proche.
Un concept exigeant avec lui-même
La charte au départ de tout
Lors de ma visite et de mon entretien avec Géraud et Laurent, j’ai pu constater que le concept repose sur un élément central qui est la charte de l’enseigne, et que celle-ci est vraiment ancrée à chaque étape des processus.
Les piliers de la charte sont simples et peuvent se résumer en quelques points : bio, local et vrac (sans emballages). Contrairement à de nombreuses enseignes, il y a visiblement une exigence chez Ekivrac qui souhaite uniquement travailler avec des produits qui remplissent les conditions et adhèrent à la charte.
Des nuances ?
Maintenant, j’entends déjà les mauvais esprits parmi vous qui vont me dire qu’il y a certainement des entorses au règlement. Et bien, je vais vous répondre qu’il faut plutôt parler de nuances, et à mes yeux, celles-ci sont justifiées.
- Tout ne vient pas de Belgique. En effet, c’est logique. Prenez par exemple les produits qui ne sont pas locaux tels que le café ou encore les bananes. La chaine doit bien entendu se fournir de produits qui ne sont pas locaux, mais exige que ces produits soient quand même bio et surtout équitables.
- Est-ce que tout est vraiment bio ? Au fil du temps, Ekivrac s’est rendu compte que beaucoup de producteurs locaux n’avaient pas de certification bio tout simplement par manque de temps ou manque de budget. En effet, une certification entraîne des processus et des coûts dans lesquels certains producteurs ne souhaitent pas s’engager. Donc, la chaine se privait de nombreux produits locaux. Pour changer et travailler avec ces producteurs, désormais la chaine a décidé de s’ouvrir au direct. C’est d’ailleurs un travail de recherche et de terrain assez exigeant quand on y pense. Le principe de la chaine est de se fournir directement auprès de fermes dans un rayon de 25-30 km et ces producteurs s’ils ne sont pas certifiés bio, doivent répondre à un cahier de charge. Bref, même sans la certification officielle bio, ces fournisseurs répondent à des conditions de production équivalentes et offrent une solution ultra locale.
- Est-ce que tout est vraiment en vrac et sans emballage ? Il existe quelques produits qui ne sont pas en vrac, c’est vrai. Mais ceux -ci ont leur place dans les quelques rayons de ces magasins. Il y a par exemple une gamme de pâte à tartiner bio italienne bien connue, ou encore vous ne pourrez pas trouver des pâtes fraiches en vrac. Mais aussi, il faut penser aux consommateurs pour qui le conditionnement en vrac ne convient pas comme les céliaques par exemple.
Le plaisir est présent
Un élément qui m’a frappé lors de ma visite, c’est le côté visuel et l’aspect plaisir. Souvent, j’ai toujours trouvé que les concepts bio et magasins en vrac, travaillent moins l’apparence visuelle du magasin. Parfois par manque de moyens, mais aussi parfois même volontairement pour attirer des clients avec un vibe militant. Dans le cas du point de vente Ekivrac, au contraire, il me semble que le côté visuel a été travaillé pour mettre en valeur les produits frais, le comptoir, ainsi que l’ensemble du magasin. Le vrac est au centre du point de vente et les rayons sont sur les côtés afin d’offrir une vision globale du magasin au visiteur. Les silos sont tous étiquetés, avec les pelles disponibles au-dessus. Et la lumière utilisée rend l’ensemble assez attractif.
Aussi dans l’offre produit, la simplicité et le plaisir priment. Les produits sont des produits que l’on peut retrouver quotidiennement dans les paniers ménagers et on est loin des produits bio/diététiques d’autres enseignes. Également, vous ne trouverez pas 36 produits différents pour une même référence, car les doublons sont évités. Là encore, la simplicité doit passer en premier pour le client.
Un avenir qui passe par la franchise
Ekivrac a l’intention de continuer son développement et celui-ci est ouvert à la franchise. Aujourd’hui déjà, parmi les neuf magasins, quatre sont exploités par des franchisés. Et la chaine est à la recherche d’entrepreneurs. L’accent est d’ailleurs mis sur le terme car le profil recherché n’est pas celui d’un investisseur mais bien d’un entrepreneur qui sera inclus dans la réflexion de développement de la chaine.
Les mises financières de départ sont inférieures à celle de chaines concurrentes (je ne vais pas vous les partager et vous laisse le soin de contacter les responsables si vous êtes intéressés). L’idée est que les candidats aident à construire la consommation et le concept Ekivrac de demain. Un franchisé est inclus dans le processus de développement du groupe et ne doit pas simplement suivre un modèle m’a-t-on assuré. Les seules exigences sont de respecter la charte et de n’effectuer aucun achat parallèle. Toutefois, chaque franchisé peut demander aux achats d’étudier un nouveau produit à référencer. C’est d’ailleurs souvent le cas et les dirigeants de magasins semblent solliciter les achats régulièrement en ce sens.
My 20/CENT sur Ekivrac
Tout d’abord, mes appréhensions sur le vrac se sont estompées. Visiblement ça marche. Les clients apprécient et du point de vue de l’hygiène j’ai pu constater que les mesures adéquates sont prises. Aucun re-remplissage n’est effectué si un silo n’est pas vide et nettoyé, les pelles sont mises à l’extérieur. Le seul risque est le client qui met sa main dans le tonneau. Mais, le personnel jette un œil afin d’éduquer le client et le surveiller gentiment.
Ensuite, j’ai quand même envie de saluer le fait qu’il s’agisse d’une chaine 100% belge et familiale. Le fondateur est aux commandes, les franchisés sont présents, mais aucune autre construction financière n’est derrière. Ce n’est pas le cas dans toutes les enseignes qui mettent en avant un aspect bio, local, belge.
Enfin, j’ai envie de pointer deux derniers points qui m’ont frappé. Le premier est l’esprit entrepreneur qui semble régner dans la chaine. J’ai parlé longuement avec Géraud et Laurent, et été agréablement surpris de voir que le concept est remis en question constamment afin de le rendre toujours plus optimal et simple pour les clients, les gérants et les fournisseurs. Par exemple, nous avons échangé sur la digitalisation du retail et plusieurs exemples de réalisations ou de projets m’ont été présenté : le programme de fidélité déployé en quelques semaines, le fait d’avoir un ERP qui fonctionne (et qui est 100% belge par ailleurs), et même des livraisons à domicile et un volet e-commerce sont en cours d’étude ou de finalisation. En clair, l’esprit d’entreprenariat semble vivre dans l’entreprise.
Et surtout, ce qui me semble intéressant de mentionner en dernier, c’est l'esprit commerçant. J’ai toujours pensé que le succès d’une chaine repose surtout sur le personnel de magasin et les gérants. Si vous mettez un financier à la tête d’un point de ventes, vous n’aurez pas un commerce mais un concept venant d’une centrale simplement exécuté. Or un vrai exploitant (et son équipe) se doit d’être proche de sa clientèle. Ici le concept me semble offrir une opportunité pour un personnel vraiment commerçant. Un employé ou gérant de magasin se doit d’être versatile et capable de remplir plusieurs fonctions. Passer de la mise en rayon, à la caisse, en passant par la découpe et le conseil…ce n’est pas donné à tout le monde.
En clair, le succès du développement d’Ekivrac depuis ses débuts repose visiblement sur une autodiscipline vis-à-vis de sa charte, et un esprit de commerçant proche de ses clients.
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