23-02-2021 13:11    Vincent

Share

Tweet

 

20CENT Meets Erwin Wetzel de EVA

Aujourd'hui, pour un nouvel épisode de 20/CENT Meets, j'ai eu l'occasion de discuter avec Erwin Wetzel, Directeur Général de la European Vending & Coffee Service Association. Un petit rappel pour certains d'entre vous, l'EVA est une association professionnelle à but non lucratif créée en 1994, qui représente les intérêts de l'ensemble du secteur européen de la distribution automatique et de l’OCS auprès des institutions de l'Union européenne et d'autres autorités ou organes compétents. 

Pour commencer, peut-être pourriez-vous nous rappeler les rôles et les objectifs de l'EVA, et pourquoi l'association est extrêmement pertinente pour l'industrie ? 

"Comme toute association professionnelle, notre principal objectif est de rassembler les intérêts de nos membres et de les exprimer d'une seule voix auprès des parties prenantes concernées. Même pour les grandes entreprises, c'est toujours un atout de faire partie d'une association professionnelle, car cela donne de la crédibilité, mais aussi du poids au message que l'on veut faire passer. En effet, les institutions européennes sont toujours plus enclines à ouvrir leurs portes aux associations qu'aux entreprises individuelles et c'est pourquoi il est important d'avoir une structure solide avec un personnel hautement qualifié. En étant la voix européenne du secteur de la distribution automatique et des services de café, nous sommes en mesure d'informer les décideurs sur notre secteur, de faire pression sur la législation et de faire valoir les intérêts de nos membres. Même dans une situation très difficile comme la pandémie actuelle, il est crucial que les entreprises bénéficient du soutien de l'EVA pour redémarrer l'activité après les différents blocages. En plus de notre travail de lobbying, nous fournissons divers rapports de marché qui permettent d'analyser les tendances et de planifier les investissements futurs, nous partageons les informations pertinentes sur l'industrie, nous donnons des conseils sur la manière de se conformer à la législation à venir et nous élaborons des normes pour rendre notre industrie plus efficace et plus compétitive. Notre but ultime est de façonner l'industrie de demain. Enfin, nous voulons également nous assurer que nos membres peuvent rencontrer leurs pairs, établir des liens et trouver de nouvelles opportunités commerciales, car cela favorise l'innovation et les nouvelles opportunités de marché".

Pouvez-vous nous donner un aperçu des efforts que l'EVA et l'industrie déploient en termes de durabilité et de réductions des impacts environnementaux ? 

"En attendant le passage à une production d'électricité à faible émission de carbone, les fabricants en ont déjà établi comme priorité de tirer parti des dernières innovations et de concevoir des distributeurs automatiques à faible consommation d'énergie. Par exemple, les nouveaux distributeurs automatiques sont désormais équipés de dispositifs d'économie d'énergie afin de réduire au minimum la consommation d'énergie pendant la nuit ou lorsque l'espace qui héberge la machine est fermé.

Étant donné que les systèmes de refroidissement de nos distributeurs automatiques utilisent des gaz réfrigérants, notre secteur s'est également engagé à minimiser les émissions directes de réfrigérants. Le règlement de l’Union Européenne ‘EU F-Gas Regulation’ a mené à une  disponibilité de gaz avec un potentiel de réchauffement planétaire moindre comme alternatives aux réfrigérants de type hydrofluorocarbures (HFC). L'adoption rapide des réfrigérants à faible potentiel de réchauffement planétaire a permis à notre secteur de passer à des solutions plus respectueuses du climat, comme le dioxyde de carbone ou les hydrocarbures. Le secteur a également bénéficié d'une recherche ciblée dans le cadre d'un projet de Recherche et Développement financé par l'UE, qui porte sur des systèmes de refroidissement plus efficaces pour les distributeurs automatiques fonctionnant avec des réfrigérants naturels, afin d'aider le secteur à passer aux nouvelles exigences fixées par le règlement sur les gaz fluorés.

En outre, la technologie des capteurs a été intégrée dans les distributeurs de boissons chaudes afin que les consommateurs puissent choisir de consommer une boisson dans leur propre contenant réutilisable, plutôt que dans un gobelet à usage unique. Ce choix écologique est également rappelé aux consommateurs par des étiquettes d'information placées sur les machines, c’est le cas par exemple dans le cadre d'un projet en cours en Allemagne, ou même dans les bâtiments des institutions européennes à Bruxelles.

Enfin, nous nous préoccupons également de la fin de vie et du recyclage des distributeurs automatiques. Les distributeurs sont conçus sur une base modulaire, ce qui permet aux responsables de l'équipement d'identifier et d'extraire certains articles des machines pour faciliter leur recyclage en fin de vie, et de les remplacer directement. Toutefois, les exigences en matière de fin de vie prévues par la législation sur l'éco-conception continueront à améliorer cet aspect de la conception".

Il est évident que la crise liée au COVID-19 a eu un impact sérieux sur le secteur de la distribution automatique. Le travail à domicile, la peur non fondée de toucher les machines sont bien sûr quelques-uns des facteurs qui jouent un rôle. Cependant, voyez-vous une lumière au bout du tunnel ou peut-être des opportunités pour les opérateurs et les fournisseurs ? 

"Les gestionnaires de distributeurs automatiques ont subi de lourdes pertes depuis le début de la pandémie en mars 2020, passant de -20 à 80% par rapport au chiffre d'affaires de 2019. La grande majorité des entreprises n'ont pas pu poursuivre leurs activités, soit parce que le site des clients était fermé, soit parce que les machines étaient fermées par leurs clients pour éviter de rassembler les gens pendant les pauses café, soit parce que les employés travaillaient simplement à domicile ou étaient en congé. Comme 80 % des 4,2 millions de machines sont placées sur le lieu de travail, les conséquences financières ont été assez dramatiques. De plus, avec la croyance non fondée que l'utilisation d'argent liquide pour les paiements ou les boutons de sélection du distributeur automatique pourraient être une source de contamination, la méfiance vis-à-vis de nos machines s'est accrue. 

La majorité des gestionnaires de distributeurs automatiques s'attendent à une diminution permanente de leurs revenus de 20 % à l'avenir, parce que le travail à domicile deviendra structurel dans de nombreuses entreprises et aussi parce que les déplacements seront moins fréquents. Cependant, il existe des opportunités, car les employés pourraient consommer moins sur le lieu de travail, mais ils pourraient vouloir plus de choix ou de qualité supplémentaire, ce qui aboutirait à une premiumisation de l’offre. En outre, les coins de vente ou même les micro marchés peuvent remplacer les cantines qui ferment et qui sont de moins en moins demandées. Pour de nombreux fournisseurs, c'est l'occasion de soutenir dès maintenant encore plus d'opérateurs dans la transition numérique et de leur fournir de nouveaux outils qui stimuleront leur activité".

En Europe, nombreux sont ceux qui associent le secteur de la distribution automatique aux distributeurs de café ou de boissons chaudes. Si l'on compare avec d'autres pays comme la Chine ou les États-Unis, les magasins automatisés font leur apparition, mais ils ne semblent pas être une tendance dans notre région. Pensez-vous que le mouvement finira par s'accentuer en Europe ? 

"Il est vrai que le commerce en Europe est très axé sur les boissons chaudes et en particulier le café. C'est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles les fabricants européens sont réputés, pour leurs machines à café professionnelles de qualité qui sont exportées dans le monde entier. Le nombre de magasins automatisés ou de micro marchés comme nous les appelons était encore très marginal il y a quelques années, mais la pandémie a certainement accéléré la tendance, car il y en a déjà des centaines actuellement. Ces magasins, mais aussi les réfrigérateurs intelligents ou les coins distributeurs intelligents pourraient être une excellente solution pour offrir des options de repas aux employés sur le lieu de travail".

Beaucoup d'innovations dans l'industrie sont liées aux technologies (par exemple les solutions de paiement, l'analyse des données, la reconnaissance faciale...). Dans le commerce de détail, l'une des tendances est celle de l'expérience seamless. Est-ce également un élément qui joue un rôle dans l'esprit des opérateurs lorsqu'ils développent des innovations ? 

"Là encore, la pandémie a accéléré la numérisation du secteur et, en tant qu'organisation, nous ne pouvons que nous en féliciter, car il faut se doter des dernières technologies pour rester compétitif et conserver son attractivité. De plus en plus de machines sont équipées d'écrans tactiles pour commander, mais maintenant, il existe même des solutions sans contact pour les personnes qui préfèrent ne pas avoir de contact du tout avec la machine. La télémétrie se développe car elle permet une gestion plus efficace des machines et les solutions de paiement électronique sous toutes leurs formes sont de plus en plus installées, car l'industrie veut garantir une expérience de paiement sans faille et aussi satisfaire la jeune génération qui est plus avisée en matière de numérique".

Souhaitez-vous faire part d'un commentaire ou d'une réflexion supplémentaire pour conclure cette petite discussion ? 

"Cette année, l'un de nos principaux objectifs sera de sensibiliser les décideurs au fait que notre industrie souffre des mesures mises en place pour contenir la pandémie et qu'une aide financière ainsi qu'un cadre juridique intelligent et équitable sont nécessaires pour donner aux entreprises les outils nécessaires pour saisir les opportunités, et sortir plus fortes de cette crise.

En effet, nous voulons jouer un rôle important dans le secteur de la restauration hors foyer".